La horde du contrevent

b_1_q_0_p_0
La horde du contrevent. Alain DAMASIO

C’est avec appréhension que je me lance dans la critique de ce livre, qui est bien plus que ça à mes yeux, quoique en disent les médisants… Car comme souvent face à un chef d’œuvre, on ne sait rester de marbre et plus aucune demi-mesure n’existe.

Car il ne suffit pas de crier au génie ou à l’arnaque littéraire, les points de vue divergent et tant mieux pour la pluralité. Mais vous l’aurez compris je me classe dans la première catégorie de personnes et pour vous le prouvez, je vais argumentez :

  1. Le scénario  : suivant les pas de la 34 ème horde de contreurs, nous vivons avec eux leur cheminement de l’Aval vers l’Amont afin de découvrir d’où naissent les vents. Ce groupe est composé de 23 contreurs formés depuis l’enfance. Lorsque nous débutons l’histoire cela fait déjà 28 ans qu’ils ont entamé leur voyage. Et Golgoth, le chef, le traceur,  est près à tout endurer pour y arriver avec ses hordiers. La source de ce vent est à l’origine de nombreux mythes mais surtout découvrir l’amont est la quête ultime de toute horde, ce pour quoi elle est formée. Les rencontres avec les autres humains, sont souvent méprisées par la Horde parce qu’ils ne sont que des obliques ou bien des navigateurs qui usent de machines pour remonter au vent. De ces rencontre naissent des dissensions, autant internes qu’externes. La rencontre de l’autre est toujours une confrontation. Sans oublier ses êtres que sont les chrones, masses informes ou protéiformes, parfois inoffensives, parfois dangereuses.
  2. L’univers : créant un monde à la fois original de par sa conception et sa multi géographie et à la fois l’ancrant dans un territoire rempli de bipède humain, on s’imagine une lointaine planète cousine de la notre dans laquelle gravitent nos héros. Damasio transporte nos contreurs dans de nombreux univers différents qui vont présenter autant de rebondissements : des plaines arides, une flaque géante, une ville dans le ciel, un enfer de froid, de glace et de dénivelé, un cratère, des prairies… La fin de l’ouvrage, que l’on peut finement découvrir dès le milieu de l’ouvrage, nous ouvre une autre page de réflexion.
  3. L’écriture : c’est pour moi un des points les plus importants et une des raisons majeures qui classe cet ouvrage dans les petits chefs d’œuvre de la littérature. Car non content d’avoir cré un univers à part entière et des personnages hauts en couleur, l’auteur assure le tour de force d’écrire à la place des 23 membres de la horde. Pas seulement en substance mais il se sert du caractère et de la personnalité des personnages pour écrire avec 23 styles d’écriture différents. Lorsque Golgoth le meneur de la troupe, prend la parole, c’est une écriture rapide, saccadée, violente. Lorsque c’est Caracole le jongleur, l’écriture se fait fluide et poétique. On sent les mots s’envoler dans les cheveux d’Oroshi ou se faire récit sur les tablettes de Sov. Ainsi chaque chapitre débute par un signe, représentant l’un des contreurs, et le narrateur du chapitre.  Expérience poétique où l’auteur allie musique et littérature pour décrire le vent, omniprésent. Personnage à part entière, il siffle constamment à l’oreille sa mélodie rude et douce retranscrite dans cette écriture dense et riche.
  • L’originalité :  – le livre dans son édition originale est accompagnée de sa B.O, encore une preuve de l’empreinte de cet univers. Les sons qui y sont présents nous font parcourir la planète de l’Aval vers l’Amont, chapitre après chapitre.

– Les pages du livre sont numérotées à l’envers, de la page 521 à la page 0.

Je sais pertinemment que cette critique ne rend pas grâce à cet ouvrage, à découvrir absolument. Vous ne rentrerez pas sans problème dans l’univers de cette horde de contreurs qui cherchent bien plus que l’origine du vent, mais contrer avec eux en vaut réellement la peine. Car tout comme souffle les vents sur cette planète balayée, ce livre vous emportera bien loin de tout ce que vous avez pu lire jusqu’à présent…

 

2 commentaires sur “La horde du contrevent

Laisser un commentaire